Les textiles naturels et synthétiques

La soie est-elle une matière durable ?

Soie et mode éthique ? Pour faire du shopping de manière responsable, vous devez d’abord apprendre à lire les étiquettes des vêtements. En effet, comprendre l’impact environnemental et social de chaque type de textile est central dans la mode écoresponsable.

Il existe deux grandes catégories de textile dans la mode :

  • Les textiles d’origine naturelle, comme le coton, le lin, la soie.
  • Les textiles d’origine synthétique, tels que la viscose, le polyester ou le lyocell par exemple.

La plupart d’entre nous pense que les textiles naturels sont bons pour la planète et que les textiles synthétiques ne le sont pas. Ce n’est cependant pas si simple. D’une part, certains textiles naturels ont des conséquences directes et indirectes très néfastes sur l’environnement et sur les travailleurs. D’autre part, une bonne part des textiles synthétiques sont aussi d’origine naturelle. Ils demandent cependant un certain nombre de procédés chimiques pour être transformés.

Dans cette série d’articles sur les textiles naturels et synthétiques, Paullet va vous aider à distinguer les différents textiles et à comprendre quels sont les plus durables et responsables d’entre eux.

Ce nouvel article porte sur la soie et la mode éthique !

  • Quantité de fibres pour la production d’une chemise en soie : 200 grammes
  • Premiers pays producteurs : Chine, Inde
  • Part dans le textile mondial : 0,2%

La soie, c’est quoi ?

La soie est une matière de luxe depuis des siècles et est originaire d’Asie. Elle est appréciée pour sa fluidité et sa luminosité qui en font un textile unique. La soie est une matière naturelle d’origine animale. Elle provient effectivement du cocon des vers à soie, et plus précisément de la soie produite par les chenilles à mûriers d’Asie lorsqu’elles se transforment en chrysalides. On tire ainsi la soie d’un insecte : le bombyx mori, un papillon de nuit, dont le cocon de la larve sert à la soie.

La soie et la maltraitance animale

La culture de la soie va souvent à l’encontre du bien-être animal.

En effet, lorsque les larves sortent de leurs cocons, elles déchirent leur cage de soie et abîment la fibre. Dans le secteur de la culture de la soie, la coutume consiste à les ébouillanter avant qu’elles ne sortent des cocons, puis à les en retirer pour récupérer le cocon de soie intacte.

Une autre méthode consiste à attendre que la larve soit prête à sortir pour l’y aider. Cela permet de limiter les dégâts causés à la fibre de soie tout en préservant les larves. Cependant cette technique est peu répandue. Elle demande beaucoup de minutie et plus de temps, et est donc plus coûteuse. Des initiatives isolées se développent en ce sens, en France notamment, dans les Cévennes. Il est également possible d’attendre que le ver à soie sorte de lui-même de son cocon pour ensuite le ramasser à terre. Mais cette technique est encore moins répandue.

Enfin, il faut tout de même savoir que dans les pays et les régions où il y a des vers à soie, les populations locales se nourrissent des chenilles tuées lors de la récolte (Corée, Japon, une grande partie de l’Asie du sud-Est, Madagascar). A l’époque où la sériculture (élevage des vers à soie) existait en France, en Ardèche par exemple, les locaux mangeaient les vers à soie, alors appelés « magnans », en omelette. Les vers à soie ne sont pas élevés juste pour la récolte de la soie dans ce cas.

Mais ils sont tout de même tuées dans la plupart des cas. Donc cela n’est pas pour autant un argument en faveur du bien-être animal. Si vous êtes sensible à la protection des animaux et/ou vegan, cela ne devrait donc pas changer grand chose pour vous…

Soie et mode éthique

A l’heure actuelle, pour l’achat d’une pièce en soie, Paullet vous recommande donc de privilégier l’achat de seconde-main. La seconde-main permet de ne pas faire davantage pression sur la production de soie et donc, indirectement, de protéger les vers à soie. En seconde-main, vous aurez par ailleurs la chance de tomber sur de véritables pépites et sur des pièces vintage de luxe (je pense tout de suite au foulard Hermès par exemple…) !

Certaines matières synthétiques permettent depuis déjà plusieurs décennies de remplacer la soie pour des raisons de coût. La viscose en fait partie.

Attention cependant ! La viscose est tout sauf une matière écoresponsable car sa confection demande une énergie énorme. De plus, elle contribue de manière dramatique à la dégration de l’environnement et de la santé des habitants des pays où cette matière est produite (Chine, Inde, Bangladesh…). Je vous invite d’ailleurs à regarder le documentaire « Fast Fashion : les dessous de la mode à bas prix » sur la chaîne Arté. Il aborde notamment les problèmes liées à la production de la viscose (pollution, handicaps mentaux et physiques graves…).

La viscose fait l’objet d’un article dédié sur paullet.eu. Fort heureusement, il existe aujourd’hui des alternatives innovantes et écoresponsables à la viscose, et dont indirectement à la soie, telles que le lyocell, le Tencel®, la viscose EcoVero®, le modal…

La « soie végane », c’est pour bientôt ?

De nombreuses initiatives voient le jour afin de développer de la soie végane ou végétale.

La société sicilienne Orange Fiber a ainsi développé une fibre proche de la soie à partir de déchets d’agrumes (déchets de l’industrie du jus de fruits).

De même, la société californienne Bold Threads créée de la soie végane en laboratoire, sur le même principe que celui des toiles d’araignée. La société fabrique cette soie à partir de sucre, de levure et d’eau. Elle s’appelle Microsilk™.

Ces deux matières innovantes sont très peu commercialisées et utilisées pour le moment. Mais elles ouvent la voie à de nouvelles technologies en faveur de la mode éthique ! Elles ont toutes les deux été adoubées par la « reine » de la mode de luxe responsable, Stella MacCartney, lors de la Paris Fashion Week 2017. H&M et Ferragamo ont également eu recours à la fibre de citrus dans leurs collections. Affaire à suivre !…

Pauline Collet, le 31 mars 2021. Mis à jour le 19 avril 2021.

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