Gayaskin, des vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées

Gayaskin est une marque française de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées. La marque a vu le jour grâce à ses deux fondateurs, Hélène Deparis et son associé Pradeep Cojandé. Hélène et Pradeep sont d’anciens collègues. Ils sont tous deux ingénieurs aéronautiques. Leur engagement respectif pour une consommation raisonnée, et la passion de Hélène pour le sport, les a conduit à créer leur propre marque de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées !

Paullet a rencontré Hélène en visio. Ensemble nous avons échangé sur la création de Gayaskin, sur les fibres synthétiques recyclées et sur les prochains projets de Gayaskin !

Les prémisses de Gayaskin : Hélène Deparis et Pradeep Cojande, deux ingénieurs aéronautiques en quête de sens

Hélène a une formation d’ingénieur aéronautique. Elle a exercé pendant 4 ans avant de se lancer dans l’aventure Gayaskin. Elle travaillait alors sur le développement de moteurs d’avion.

Sa passion pour le sport, pour le running et la randonnée en particulier, l’a conduite à se lancer dans la création de sa marque de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées. C’est aussi grâce à son collègue Pradeep, aujourd’hui devenu son associé.

En effet, Hélène et Padreep sont d’anciens collègues. Ils sont tous deux ingénieurs en aéronautique et engagés pour une consommation plus responsable. Ainsi, au travail, ils échangent beaucoup sur leurs envies d’adopter une consommation toujours plus responsable.

Une offre de vêtements de sport éco-responsables limitées

Cependant, Hélène ne trouve pas son bonheur parmi les vêtements de sport. Les quelques marques de vêtements de sport éco-responsables sont en majorité dédiées à la pratique du yoga et aux sports à faible impact. Les modèles sont également très classiques et trop sobres. Or, Hélène aime porter de la couleur et des imprimés originaux lorsqu’elle s’entraîne.

C’est ainsi que lui vient l’idée de créer une marque de vêtements de sport éco-responsables. Elle imagine une marque équivalente en termes de design à l’offre de Nike, leader du marché du sportswear.

Hélène discute de ce projet avec son collègue Pradeep. Il est alors très séduit par cette idée. Pradeep a effectivement une véritable sensibilité pour le travail des tissus et pour les vêtements. Elle lui vient de sa passion pour les saris et de ses origines indiennes.

Hélène et Pradeep s’associent donc afin de fonder Gayaskin. “Gaya“ signifie “Terre“ en grec  et “skin“ peau“ en anglais.

Les débuts de l’aventure entreprenariale Gayaskin

Hélène décide de quitter son poste dans le secteur de l’ingénierie aéronautique pour se consacrer à plein temps à Gayaskin. De plus, cela n’a alors plus de sens pour Hélène de travailler dans l’aéronautique. Ce n’est en effet plus compatible avec son engagement pour une consommation durable. Elle conserve cependant un véritable intérêt pour le secteur de l’aéronautique.

Comme l’explique Hélène, elle et Pradeep n’ont alors pas encore d’idée précise de ce qu’ils veulent construire avec Gayaskin. Ils viennent en effet d’un secteur totalement différent de celui du textile. Ils doivent donc se former avant de se lancer dans la création de leur marque. Les deux associés amorcent ainsi un vaste travail de recherche et d’apprentissage : étude de marché, étude de l’économie de la mode, recherche sur les différentes matières synthétiques, les fournisseurs… Ils se rendent aussi à des salons professionnels afin d’en apprendre davantage sur les matières et pour rencontrer de potentiels fournisseurs.

Gayaskin, marque de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées : prototypes et lancement de la première collection

Hélène et Pradeep élaborent leurs premiers prototypes au bout de quatre mois de travail seulement via un atelier français. Les modèles sont assez basiques par rapport à ce que peut proposer la marque aujourd’hui. Les deux associés se lancent ensuite dans les tests des matières.

Après deux essais non fructueux avec un premier atelier de confection, Gayaskin lance la production avec l’atelier avec lequel la marque travaille depuis 3 ans. Le lancement des premiers modèles se fait en octobre 2018, soit un an après le début de l’aventure Gayaskin.

La gamme est alors plus réduite que ce que propose la marque aujourd’hui. Mais on y retrouve les mêmes vêtements qu’aux débuts de Gayaskin : les ensembles Equivoque et Pointilleuse. Gayaskin propose dans cette première collection cinq articles, dont des débardeurs qui sont actuellement en fin de série sur le site de la marque.

Gayaskin, une production européenne, éco-responsable et de qualité

Hélène et Pradeep s’occupent du stylisme des modèles Gayaskin. Ils font en revanche appel à un designer pour celui des motifs. Le prototypage a lieu en France pour tous les modèles. La production se fait au Portugal, où il existe un véritable savoir-faire dans le travail des textiles et des vêtements de sport.

Les coûts de production sont donc élevés par rapport aux principales grandes marques de vêtements de sport. Gayaskin ne souhaite pas pour autant proposer des vêtements plus chers que ceux des équipementiers leaders du secteur. Mais au contraire offrir une alternative crédible aux consommateurs lors de leurs achats de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées.

Pour ce qui est des petits accessoires comme les zip et les cordons de maintien, la marque n’est pas encore en mesure d’assurer l’origine de la production. Ceci s’explique par sa petite taille et par le manque de traçabilité dans la production de ses intrants.

Gayaskin, une marque éco-responsable et engagée

Pour Hélène, le véritable challenge à terme pour une marque de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées comme Gayaskin, consiste à se fournir à 100% en Europe.

Mais aussi de continuer à utiliser des accessoires certifiés OEKO-TEX, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. Malheureusement ces accessoires ne sont pas conçues à partir de matières recyclées ou réutilisés pour le moment. Gayaskin, comme la majorité des marques du secteur textile, utilise les zips YKK. La marque n’a actuellement pas les moyens de savoir s’ils sont produits en France ou non (YKK dispose effectivement d’usines en France). Mais, comme l’explique Hélène, les zips YKK demeurent pour le moment un véritable gage de qualité et sont également certifiés OEKO-TEX. C’est pourquoi ils demeurent la meilleure option pour Gayaskin.

Les différentes gamme de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées Gayakin

Pour ce qui est des différentes gammes Gayaskin, elles sont majoritairement en matières synthétiques recyclées :

  • En nylon (filets de pêches récupérées et recyclés),
  • Et en PET (polyester recyclé à partir de bouteilles plastiques usagées puis recyclées).

Gayaskin a également recours au Tencel® pour une petite partie de sa collection. Le Tencel® est une fibre textile éco-responsable et artificielle issue de celluloses de bois.

La gamme Skin permet de pratiquer des sports intense grâce à sa poche intégrée dans le legging, ses différentes aérations, ses pads et son dos nageur.

La gamme Ellios est plus adaptée à la pratique de sports à impact modéré. La brassière présente de fines bretelles croisées dans le dos. Le débardeur Ellios est conçu en Tencel®. Le Tencel®  a en effet l’avantage d’être adaptée à la pratique du sport à intensité modéré. En revanche, le Tencel® (à lui seul) ne peut pas rentrer dans la confection des brassières et des leggings qui demandent un maintien et une élasticité plus importantes.

La gamme Thermale permet de pratiquer des activités sportives en extérieure par grand froid grâce à sa doublure en polaire.

Le choix du polyester recyclé par Gayaskin

En ce qui concerne le choix de matières synthétiques (polyester recyclé et nylon) pour la production des vêtements Gayaskin, Hélène invite d’abord ses détracteurs à lire l’article très complet de Gayaskin sur le polyester. Il n’existe pas de solution parfaite pour la conception de vêtements de sport éco-responsables aujourd’hui. Pour Hélène, il ne s’agit pas de dédramatiser l’emploi des matières synthétiques. Mais il n’existe pas de matière idéale à l’heure actuelle.

La certification Global Recycled Standard (GRS)

Pour ce qui est du recyclage des matières textiles, Gayaskin s’engage à ce que minimum 50% des tissus entrants dans sa production soient issus de matières recyclées. Ainsi la certification GRS (Global Recycled Standards) concerne 100% de la production en fibres synthétiques recyclées de la marque.

La certification GRS permet également de connaître la composition détaillée de chaque tissu. Ainsi les fibres de PET (polyester) et de nylon qu’utilise Gayaskin sont issues à 100% de matières recyclées.

La prise en compte de la pollution aux micro-fibres

D’après Hélène, pour ce qui est de la problématique de la pollution des océans aux micro-plastiques, la majorité des personnes la confonde en réalité avec la pollution aux micro-fibres. Cette dernière concerne effectivement tous les types de textiles dont le coton.

Il en est de même pour la biodégrabilité des textiles. Le coton et les textiles naturels peuvent sembler être une meilleure option que les textiles synthétiques. Cependant, pour être vraiment biodégradables, les tissus en coton doivent remplir un certain nombres de conditions qui sont malheureusement très rarement respectées dans les faits aujourd’hui. En effet, les micro-fibres déversées dans l’océan stagnent dans des eaux froides, ce qui ne permet pas une biodégration optimale des fibres. Pour Hélène, il ne s’agit pas de rejeter la faute sur les textiles non synthétiques afin de justifier les choix de Gayaskin. Mais de faire comprendre qu’entre textiles synthétiques et textiles naturelles, il n’existe en réalité pas de solution idéale à l’heure actuelle. Le problème reste le même avec le coton biologique.

Lutter contre la pollution en amont de la production

Pour Hélène, la solution pour lutter contre la pollutions aux micro-fibres se situe bien en amont du processus de conception.  Pour les synthétiques, Gayaskin souhaite ainsi systématiser les tests d’usure sur ses produits finis. Cette pratique permet de développer des vêtements pour lesquels il y a peu de frottements, et donc peu de rejets de matières synthétiques.  Les vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées Gayaskin sont majoritairement conçues dans des matières lisses. Ceci permet justement de limiter les frottements (sauf pour la gamme Thermale qui contient de la polaire). La solution passe aussi par le développement des filtres à machine à laver.

Les textiles naturels et éco-responsables

Gayaskin étudie également le recours à des matières éco-responsables innovantes, comme c’est le cas avec le Tencel® (voir plus haut).

La marque a un temps réfléchi à la possibilité d’utiliser de la laine mérinos. Cependant il n’existe pas de laine mérinos recyclée. Et l’élevage demeure extrêmement polluant. Il existe par ailleurs un véritable manque d’éthique et de traçabilité dans l’ensemble de la filière.

Pour le moment, Gayaskin n’a pas lancé de veille sur d’autres matières car la marque est encore trop petite pour de tels investissements. Mais Gayaskin reste proactive sur le sujet. Elle travaille en amont de la production avec des laboratoires sur le développement des nouveautés produits.

Gayaskin et Hipli Colis : solution d’emballage réutilisables  pour une livraison à impact modérée

Gayaskin est en partenariat avec la start-up Hipli Colis pour la livraison et l’emballage de ses colis. Hipli Colis est une solution d’emballages réutilisables qui permet de remplacer les emballages extérieurs standards en carton. Gayaskin permet à ses clients d’opter pour la solution de livraison Hipli Colis à chaque commande. Les colis Hipli sont fabriqués dans une matière résistante et imperméable et sont équipés d’un zip. Lorsque que le client a reçu sa commande, il lui suffit de replier l’emballage réutilisable grâce au même système que le k-way. Sur la face visible de l’emballage se trouve un timbre pré-affranchi. Le client n’a plus qu’à déposer le colis Hipli dans la première boîte aux lettres qui se trouvera sur son chemin !

L’entrepôt de Hipli Colis se trouve au Havre. Les équipes de la start-up y reconditionnent tous les emballages renvoyés par les clients afin qu’ils soient de nouveau utilisés pour de prochaines commandes. Ainsi un colis Hipli peut être réutilisé en moyenne 100 fois.

Gayaskin demande aux clients de participer aux frais de Hipli Colis à chaque commande. En effet, cette solution d’emballage ne serait pas viable financièrement pour Gayaskin si elle était gratuite pour les clients. Le prix de la livraison correspond principalement au prix du timbre postal retour. Gayaskin demande à ses clientes de prendre en charge 1€ sur les 2,40€ que coûte une livraison par Hipli Colis.

D’après Hélène, environ 50% à 55% des clients de Gayaskin ont recours à la livraison par Hipli Colis, sachant qu’ils sont à priori très sensibles à la protection de l’environnement. Ces données ne sont donc peut-être pas représentatives. La limite économique n’est effectivement pas négligeable pour Hélène.

L’avant Hipli Colis

Avant de travailler avec Hipli Colis, Gayaskin était associé à une entreprise estonienne qui proposait une solution de livraison équivalente. Cependant, en termes d’impact carbone, comme les clients de Gayaskin sont majoritairement français, cela n’avait pas beaucoup de sens. En effet, Hélène et Pradeep n’ont jamais vraiment pu s’assurer auprès de cette entreprise que leurs emballages réutilisables n’étaient pas acheminés en avion.

Puis la solution française d’emballages réutilisables, Hipli Colis, a vu le jour. Gayaskin a donc préféré travailler avec eux pour la suite de leur aventure. De plus, Hipli inclut une analyse du cycle de vie de ses produits. La start-up ne s’arrête donc pas à l’impact de ses produits mais prend aussi en compte celui du transport.

Gayaskin, une marque qui challenge sa communauté sur son engagement éco-responsable

Gayaskin challenge régulièrement sa communauté à adopter un mode de vie plus raisonnable. La marque partage ainsi avec elle des défis à relever pour améliorer son quotidien.

Paullet a donc souhaité interroger Hélène sur les défis qu’elle se donne au quotidien afin d’adopter une consommation toujours plus responsable. Ainsi, pendant tout le mois de mars, Hélène et son compagnon ont adopté une alimentation 100% végétarienne. Elle admet que ce défi n’est pas forcément facile à relever pour tout le monde. Hélène et son compagnon ont tout de même décidé de poursuivre leurs efforts. Pour Hélène, il existe aujourd’hui énormément d’alternatives végétariennes dans notre alimentation quotidienne, mais aussi dans la grande distribution comme chez Picard par exemple, ou chez Big Fernand. Le chaîne de hamburgés propose en effet une option végétarienne que Hélène recommande d’essayer !

Gayaskin : c’est quoi la suite ?

Pour ce qui est des futures projets de Gayaskin, la marque de vêtements de sport éco-responsables en fibres recyclées va proposer une nouvelle collection pour l’été. Celle collection comprend le premier short de sport de la marque.

Gayaskin est également en train d’élaborer un “projet secret“. Il mettra le Tencel® à l’honneur et se fera en collaboration avec une autre marque. Ce projet vera le jour d’ici la fin de l’année.

Gayaskin souhaite aussi développer une gamme homme. La marque ne souhaite pas être une marque de vêtements de sport écoresponsables en fibres recyclées destinée seulement aux femmes. Hélène et Pradeep ont décidé d’axer les premières collections sur cette cible car les femmes ont tendance à être plus sensible à la mode éco-responsable dans leurs comportements d’achat. Les hommes sont en général plus attachés aux marques. Il était donc plus simple de commencer par la gamme de produits femme pour Gayaskin.

Le mot de la fin par Hélène : “déconsommation“

En conclusion, Hélène souhaite avant tout prôner la déconsommation. Il est en effet primordial de faire attention à ce que l’on achète. Il est aussi nécessaire de mettre en avant les nouvelles marques éco-responsables afin de faire bouger les lignes dans l’ensemble du secteur textile et au sein des grandes marques. Ainsi, dans le secteur des vêtements sportifs, Gayasin est une excellente alternative au neuf. Mais ce n’est pas “l’alternative tout court“ pour une consommation durable et raisonnée.

Fan de sport et de mode éco-responsable ? Découvrez aussi la marque de vêtements de running éco-responsable Wakae !

Paullet a eu l’opportunité exceptionnelle de rencontrer Marie, la créatrice de Wakae, à un moment charnière du développement de sa marque  : Rencontre – Wakae, Marque française de vêtements de running éco-responsable made in Europe.

Merci d’avance pour vos retours et vos commentaires sur cet article (ci-dessous) !

Pauline Collet, le xxx 2021. Interview réalisé le 20 mai 2021.

Crédits photos & Remerciements : Hélène Deparis, co-fondatrice de Gayaskin.

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